Saint frère André, c.s.c.

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Le 9 août 1845, nait Alfred Bessette, fils de d’Isaac Bessette et de Clothilde Foisy, à Saint-Grégoire d’Iberville, au Québec. Il est le neuvième d’une modeste famille de treize enfants. Il est alors si frêle, que le curé le baptise le lendemain « sous condition ».

En 1849, sa famille déménage à Farnham. En 1855, Isaac Bessette meurt accidentellement. Deux ans plus tard, Clothilde Foisy décède de la tuberculose. Le petit Alfred retiendra d’elle son sourire et une dévotion à saint Joseph. Il a alors douze ans, est orphelin et peu instruit, sa santé fragile l’ayant empêché de fréquenter l’école assidûment. Sa tante maternelle Marie-Rosalie et son époux Timothée Nadeau, qui habitent à Saint-Césaire, le recueillent. Suivant les coutumes de l’époque, il fait sa première communion, puis est confirmé le 7 juin 1858.

Il exerce différents métiers manuels, mais aucun ne lui convient en raison de sa santé. De 1863 à 1867, il tente sa chance dans différentes manufactures de la Nouvelle-Angleterre, où il apprend l’anglais. Il retourne au Canada et rencontre l’abbé Joseph André Provençal, curé de Saint-Césaire. Ce dernier l’oriente vers la congrégation de Sainte-Croix, qui venait d’ouvrir un collège dans sa paroisse. Dans sa lettre de recommandation, le curé Provençal fait acte de prémonition en présentant Alfred Bessette comme un saint.

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Frère André à l'occasion de ses vœux perpétuels à l’âge de 28 ans (1874).

Le 22 novembre 1870, il se présente au noviciat. Hasard des choses, le 8 décembre suivant, le pape Pie IX déclare saint Joseph patron de l’Église universelle. Le 22 décembre, Alfred Bessette prend l’habit religieux ainsi que le nom en religion de frère André, en l’honneur du curé Provençal. On lui confie alors la fonction de portier du Collège Notre-Dame, qu’il occupera jusqu’en 1909. En 1872, ses supérieurs hésitent à le garder à cause de sa santé défaillante. Lors d’un entretien avec Mgr Ignace Bourget qui visitait le collège, Alfred Bessette réussit à convaincre ce dernier de recommander à ses supérieurs de le garder. Frère André fait sa profession perpétuelle le 2 février 1874. Il n’a jamais rencontré le fondateur de sa congrégation, le père Basile-Antoine Moreau, décédé l’année précédente.

Sa fonction de portier l’amène à rencontrer de nombreuses personnes, certaines lui font part de leurs problèmes de santé et les confient à ses prières. Il leur remet une médaille de saint Joseph ainsi qu’un peu d’huile provenant d’une lampe qui brûle devant la statue du saint, dans la chapelle du collège. Il recommande aux malades de frictionner leur corps souffrant avec cette huile et de prier saint Joseph pour obtenir la guérison. Par la suite, de plus en plus de gens déclarent être guéris, et la réputation de thaumaturge du frère André ne cesse de grandir, au point d’importuner les autorités du collège.

En 1896, le collège acquiert le terrain actuel de l’Oratoire. En 1904, frère André réussit à convaincre les dirigeants du collège de l’autoriser à construire une petite chapelle sur le versant supérieur du terrain. Le 19 octobre 1904, l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal est inauguré. Il avait alors la taille d’un cabanon. Les années suivantes, la chapelle sera agrandie à plusieurs reprises. En 1909, le frère André reçoit une nouvelle obédience : gardien de l’Oratoire. Il peut aussi enfin recevoir des visiteurs dans un bureau construit au nord de la chapelle. Plusieurs milliers de gens viennent le voir. Il en profite pour visiter des personnes souffrantes dans les environs de Montréal.

On se rend rapidement compte que malgré les agrandissements successifs de la chapelle, celle-ci ne suffira jamais à accueillir le flot des pèlerins. Il est alors décidé de construire une grande basilique dédiée à saint Joseph. La première étape commence en 1915 par la construction de la crypte, achevée en 1917. En raison de leur taille et de leur emplacement, le bureau et la chapelle, que l’on ne voulait pas détruire, sont déménagés sur le flanc sud du sanctuaire. Les travaux de la basilique commencent en 1922 par le déblaiement du terrain situé derrière la crypte. Ils seront suspendus en 1932 en raison de la Grande Dépression. Le frère André ne verra jamais le dôme, il décède le 6 janvier 1937. Pendant une semaine, près d’un million de personnes braveront le mauvais temps pour lui rendre un dernier hommage. Suivant sa mort, des fonds sont amassés qui permettront enfin de donner un toit à saint Joseph. Le dôme sera coulé en novembre 1937 et recevra sa croix en 1942.

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Vue de la foule devant l’Oratoire Saint-Joseph lors de la chapelle ardente de frère André (1937).

En 1940, les procédures sont entamées pour faire reconnaître frère André comme saint. Le 23 mai 1982, le pape Jean-Paul II le déclare bienheureux après qu’un miracle lui fut officiellement attribué. Un second miracle lui ayant été reconnu, le pape Benoît XVI le canonise le 17 octobre 2010.