Sœur Julie Bertrand, c.s.c. (mère Marie-de-Saint-Basile)
Mère Marie-de-Saint-Basile, « la plus grande figure qui, après les fondateurs, ait illustré l’Institut ». Cette phrase a été transcrite à maintes reprises en hommage à cette femme de courage, de liberté et de foi, riche héritière du patrimoine des fondateurs.
Née à Sainte-Scholastique, comté des Deux-Montagnes le 1er décembre 1844, Julie Bertrand est la quatrième enfant et la seule fille de la famille. Ses parents Olivier Bertrand et Julie Welch auront cinq enfants. À l’âge de sept ans, elle s’inscrit au pensionnat de Saint-Scholastique, ouvert l’année précédente par les sœurs Marianites. Elle recevra de celles-ci une éducation de qualité. Peu avant ses quinze ans, elle entre au postulat, accueillie par mère Marie des Sept-Douleurs, première supérieure générale des Marianites de Sainte-Croix. Le 28 décembre 1859, elle prend l’habit et reçoit le nom de sœur Marie-de-Saint-Basile. Un nom tout désigné en Sainte-Croix.
Durant son noviciat, elle est surveillante et parfois suppléante au pensionnat Saint-Laurent, alors connu sous le nom de l’Académie Sainte-Marie. En 1862, elle prend en charge la première classe et enseigne le français au pensionnat Saint-Martin à Laval. Elle est rappelée à Saint-Laurent en août 1863, en préparation de ses vœux perpétuels qu’elle prononce le 8 décembre de la même année. Après deux autres années à Saint-Martin, elle retourne à Saint-Laurent comme maîtresse de la première classe. Elle y passera sept ans, son plus long mandat d'enseignante. C’est elle qui veillera aux préparatifs des premières finissantes francophones du pensionnat.
En 1873, mère Marie-de-Saint-Basile devient supérieure et enseignante à l’Académie Saint-Ignace, à Montréal. Puis les obédiences se succèdent, exigeant, chaque année, des déplacements d’une résidence à une autre. Elle retourne à Saint-Laurent comme préfète de discipline, puis en 1875 elle est nommée assistante supérieure à Varennes, et enfin supérieure à Sainte-Rose dans la région de Laval, où elle fonde un pensionnat en 1876.
En 1879, elle est nommée déléguée au chapitre général au Mans. Elle fera plusieurs demandes d’amendements qui seront refusées. Ces démarches lui vaudront d’être de moins en moins appréciée par les autorités au Mans, se traduisant par le retrait progressif de toute charge de responsabilités.
En janvier 1883, un bref pontifical autorise la séparation de la communauté du Canada des sœurs Marianites du Mans. Désormais, la communauté porte le nom de Sœurs de Sainte-Croix et des Sept-Douleurs. Mgr Fabre nomme mère Marie-de-Saint-Basile supérieure vicaire. Elle aura à gérer le délicat dossier de la séparation des sœurs canadiennes d’avec Le Mans.
Au chapitre général de 1890, mère Marie-de-Saint-Basile est nommée première supérieure générale de la branche canadienne des Sœurs de Sainte-Croix, mandat renouvelé en 1896. Pendant vingt ans, mère Marie-de-Saint-Basile assure la responsabilité de la gouvernance. Elle sera la personne qui donnera à la congrégation de nouveaux mécanismes administratifs et qui mettra sur pied de nouvelles orientations, tout en définissant la vie religieuse. Et pendant tout ce temps, mère Marie-de-Saint-Basile tentera de rétablir les liens avec les sœurs françaises, mais les réconciliations n’auront lieu qu’en 1920, dix-huit ans après la fin de sa fonction comme supérieure générale.
En 1902, elle exprime le souhait de ne plus être supérieure générale et désire se consacrer à l’éducation. À l’annonce des obédiences du mois d’août, elle est nommée supérieure de la nouvelle province Notre-Dame-des-Sept-Douleurs qui regroupe douze maisons francophones au Québec. Elle quitte Saint-Laurent pour s’installer au pensionnat Saint-Basile, qu’elle a fondé en 1896 et qui avait été nommé en son honneur (aujourd’hui, le pensionnat Saint-Basile abrite la bibliothèque et la maison de la culture du Plateau-Mont-Royal). Elle y accomplit un mandat de trois ans. Cependant, en raison de la fatigue et de l’épuisement, elle ne souhaite plus exercer la charge de supérieure provinciale. Elle est nommée supérieure à Saint-Martin (1905-1911), puis à Villeray (1911-1914) et enfin à Youville (1914-1920). Affaiblie, sa retraite lui est finalement accordée. Elle revient à la maison mère de Saint-Laurent pour se consacrer à la réalisation de menus travaux.
Le 2 avril 1923, durant la semaine de Pâques, mère Marie-de-Saint-Basile est appelée vers la maison du Père, après soixante-trois années de vie religieuse. Elle est inhumée le 27 avril au cimetière de la communauté, où elle repose auprès des siennes.