Sœur Alice Giroux, c.s.c.
Toute la vie de sœur Alice Giroux reflète ses qualités de « femme de vision, de vision large », manifestant une grande habileté et du respect envers les gens. Elle voit le jour à Saint-Augustin des Deux-Montagnes, le 21 août 1895, deuxième enfant d’une famille qui en comptera 20. Très tôt, elle fait preuve d’une intelligence vive. Le 4 septembre 1913, à 18 ans, elle entre chez les Sœurs de Sainte-Croix, une congrégation particulièrement orientée vers l’éducation des jeunes selon les enseignements transmis par son fondateur, le père Basile Moreau. Alice Giroux reçoit le nom de sœur Marie Flore d’Auvergne.
Dès sa profession religieuse, en septembre 1916, elle embrasse une carrière d’enseignante aux niveaux primaire et secondaire à la Commission des écoles catholiques de Montréal (CECM) puis dans des pensionnats des Sœurs de Sainte-Croix de la région de Montréal.
En 1929, le Conseil général lui confie le poste clé de directrice générale des études. Sœur Alice possède une vaste vision du monde de l’éducation. Cette responsabilité lui ouvre plusieurs avenues pour promouvoir l’enseignement supérieur aux jeunes filles à une époque où le milieu universitaire est quelque peu hostile aux femmes. Féministe avant l’heure? Elle encourage les jeunes religieuses à poursuivre des études avancées selon leurs aptitudes. Elle participe à plusieurs comités de la CECM et en 1933, grâce à son courage, elle met sur pied le Collège Basile-Moreau à Saint-Laurent. Cette institution classique pour jeunes filles a toujours allié tradition et modernité pour préparer les étudiantes à vivre dans un monde en pleine évolution. Le collège a contribué à former des femmes qui relèvent des défis majeurs dans toutes les sphères de la société et de l’Église. L’Université de Montréal a reconnu l’initiative de sœur Alice en lui octroyant un doctorat honorifique en pédagogie en 1959.
Sœur Alice est une femme de vision. À l’Institut familial de Nominingue, elle organise dès le début des années 1930 des cours de vacances pour les religieuses : alimentation et cuisine, travaux manuels, coupe, couture, confection et entretien de vêtements, horticulture, teinture, etc. L’institut comprend un laboratoire de physique, de chimie appliquée à l’alimentation et de médecine domestique ainsi qu’un jardin de plantes médicinales et tinctoriales. Rien ne l’arrête. Elle sait incarner sa vision pour promouvoir l’éducation libératrice.
Après avoir assumé la responsabilité de directrice générale des études pendant 38 ans, elle est nommée, en 1967, directrice provinciale de l’éducation pour la province de l’Assomption, à Sainte-Rose, Québec.
À 75 ans, sœur Alice prend sa retraite et devient historienne pour sa congrégation. Elle publie plusieurs ouvrages bien documentés dont Les Sœurs de Sainte-Croix dans l’Ouest Canadien en 1973, Histoire du Collège Basile-Moreau en 1976, Histoire du Pensionnat Notre-Dame-des-Anges en 1980 et Au Jardin de Sainte-Croix : histoire de la Province Moreau en 1983. Elle laisse une trace fidèle de la mission d’éducation libératrice des Sœurs de Sainte-Croix.
Sœur Alice Giroux s’éteint le 5 février 1998, à l’âge vénérable de 102 ans.