Chapelle du Collège de Saint-Laurent
Titre
Description
Historique :
Le 3 octobre 1928, lors d’une convention d’anciens élèves du Collège de Saint-Laurent, ceux-ci ont l’idée d'une campagne de souscription dans le but de doter le collège d’une nouvelle chapelle. En effet, la chapelle datant du XIXe siècle était devenue trop exiguë pour les 600 élèves du collège, rendant difficile l’inspiration de la piété. Au printemps 1930, la campagne de souscription est lancée auprès des anciens élèves du Collège de Saint-Laurent.
À la même époque, l’église presbytérienne St. Paul et St. Andrew sur le boulevard Dorchester (aujourd’hui René-Lévesque) est expropriée par le Canadian National Railway pour la construction d’une gare ferroviaire. Inaugurée à la fin des années 1860, elle était alors considérée comme la plus belle église néogothique de la ville de Montréal. La congrégation de Sainte-Croix la sauvera de la destruction en l’achetant en 1930 au prix symbolique de 1 $.
En juillet 1930, le conseil provincial de la congrégation de Sainte-Croix accepte à l’unanimité la demande d’emprunt du Collège de Saint-Laurent pour la construction d’une chapelle. De plus, le collège est autorisé à payer immédiatement les frais de démolition de la chapelle existante et le transport des matériaux de la future chapelle. En soixante jours, l’église est démontée et chaque pierre numérotée. Les pierres sont ensuite déménagées sur les terrains du Collège de Saint-Laurent, où l’édifice est reconstruit par l’architecte Lucien Parent, l’ingénieur Benoit Laberge, l’entrepreneur Arthur Dufresne et le contremaître J.-A. Delisle. Le 3 octobre 1930, commencent les travaux qui vont durer un an. Lors de l’inauguration officielle de la chapelle le 1er novembre 1931, le père Albert Cousineau, supérieur du collège, relate la reconstruction comme suit : « Il y a un an à peine, les premiers coups étaient portés à la terre, un trou béant se creusait. Tout autour, des pierres sales, enfumées, s’entassaient. Que sortirait-il de tout cela ? Peu à peu, les murs montèrent, la pierre retrouva sa couleur primitive. Le piédestal attendait son monument; c’était déjà une belle salle où le style moderne affirmait ses droits. Puis l’hiver passa, le printemps apporta ses effluves chaudes et embaumées, l’été vint dorer de son soleil les pierres sculptées dont se parait l’extérieur. Et peu à peu l’intérieur se décora. Poutres gothiques, fenêtres ogivales, autels, verrières, tout arrivait à point » (Le Laurentien, décembre 1931).
La beauté architecturale de la chapelle de style gothique Tudor est reconnue. L’architecte Parent va modifier légèrement son apparence extérieure en ajoutant des socles et des corniches dans la façade où sont intégrées des statues du Christ, de la Vierge et de saint Laurent. À l’intérieur, le bâtiment est modifié pour convenir à sa nouvelle vocation de chapelle catholique. Ainsi, le chœur est agrandi selon les besoins du culte, une galerie est construite pour abriter l’orgue, des confessionnaux et un chemin de croix sont ajoutés, ainsi que de nouveaux vitraux. L’orgue électrique provient de l’église St-Andrew. Il est l’œuvre des ateliers de Casavant Frères, facteurs d’orgues réputés de Saint-Hyacinthe.
Une dernière particularité est à souligner : la chapelle a été reconstruite sur une ossature en béton afin de la surélever par rapport au sol. En effet, le sous-sol de l’église accueille un auditorium, à la fois salle académique et salle de spectacles. Il sera appelé plus tard salle Émile-Legault, où se produit la troupe des Compagnons de Saint-Laurent créée par le père Legault au Collège de Saint Laurent. Haute de 25 pieds, elle peut contenir près de 1 500 personnes assises.
Dans cette chapelle, les messes vont se succéder nombreuses chaque matin. Les communions et les confessions seront multiples. Devenue vacante suite à la laïcisation de l’institution d’enseignement en 1967, la chapelle est transformée en musée sous l’égide du professeur Gérard Lavallée en 1975. En 1979, le Musée d’art de Saint-Laurent ouvre ses portes. En 2003, le musée prend le nom de Musée des maîtres et artisans du Québec, puis en 2021 le nom de Musée des métiers d’art du Québec (MUMAQ).
Quant à la Salle Émile-Legault, elle a été rénovée en 2011. D’une capacité de 471 sièges, cette salle de spectacle accueille de nombreux événements et activités organisés par l’arrondissement de Saint-Laurent, tels que des spectacles de danse, de théâtre et de musique.
Aujourd’hui encore, cette chapelle représente le dévouement des anciens du Collège de Saint-Laurent qui ont défrayé le coût de cet édifice; c’est un symbole de leur attachement à l’Alma Mater. Le frontispice de la tour porte l’inscription : « Hommage des Anciens ».
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