Dévotion à saint Joseph
De la France …
Avant même la fondation de l’Association de Sainte-Croix en 1837, la dévotion à saint Joseph est présente dans la région du Mans grâce aux abbés Jacques-François Dujarié et Basile Moreau. Ces deux prêtres sont parmi les précurseurs de cette dévotion au XIXe siècle en France. Déjà en 1820, lorsque l’abbé Dujarié fonde son association de frères pour les écoles pauvres, il la place sous le patronage de saint Joseph. Quant à celui à qui il lègue sa communauté en 1835 – le père Basile Moreau – il est lui aussi un dévot serviteur de saint Joseph.
Si Basile Moreau donne à ses prêtres auxiliaires le Sacré-Cœur comme patron spécial, et aux sœurs Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, c’est la dévotion à saint Joseph qui occupe une place particulière dans la vie spirituelle de la communauté. Elle sera le fil conducteur du père Moreau, qui perçoit saint Joseph comme l’homme ayant atteint la plus grande intimité avec l’Enfant Jésus après la Vierge Marie.
Personnellement, le père Moreau fait régulièrement appel à saint Joseph au moment de prendre des décisions pour sa communauté. Et dans ses différents écrits, le fondateur invite sans cesse ses fils et ses filles à renouveler son culte. Il encourage ainsi toute la congrégation à affirmer sa dévotion à saint Joseph par des gestes concrets tels que des prières, des oraisons, des hymnes, des litanies et des invocations. Sans surprise, le mot d’ordre du père Moreau est : Allez à Joseph.
Le père Basile Moreau fait également la promotion de cette dévotion auprès des laïcs puisque, afin de procurer des ressources à la congrégation, il fonde une association de prières et d’aumônes en l’honneur de saint Joseph : l’Association de Saint-Joseph. Dans le but de faire connaître aux associés les œuvres soutenues par leurs dons, il publie même une brochure intitulée Étrennes spirituelles offertes aux associés du Bon-Pasteur et de Saint-Joseph (1843-1852), puis les Annales de l’Association de Saint-Joseph (1858-1870). D’ailleurs, cette publication sera ressuscitée à l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal à partir de 1912 sous le titre Les Annales de Saint-Joseph.
… au Canada
Le premier qui a propagé la dévotion de saint Joseph au Canada est le père Camille Lefebvre. En 1864, il lui dédie son nouveau collège de Memramcook. Mais le plus grand propagateur de cette dévotion est Alfred Bessette. En 1870, il se présente au noviciat et se joint à la communauté sous le nom en religion de frère André, la même année où le Pape Pie IX nomme saint Joseph Patron de l’Église universelle. Frère André n’a jamais rencontré le fondateur de sa congrégation, le père Basile-Antoine Moreau, décédé le 20 janvier 1873. Cependant, les deux partageaient la même dévotion pour saint Joseph. Jeune, frère André développe cette dévotion grâce à sa mère. Et dans la congrégation, il applique à la lettre l’article 6 de la règle première : « Ceux des Frères qui sont livrés aux travaux manuels s’efforceront d’imiter saint Joseph travaillant de ses mains pour nourrir le Sauveur du monde ».
En 1871, frère André est nommé portier du Collège Notre-Dame. De par cette humble fonction, il rencontre de nombreuses personnes souffrantes qui lui font part de leurs problèmes. Le religieux leur remet une médaille de saint Joseph, ainsi qu’un peu d’huile provenant d’une lampe qui brûlait devant la statue du saint, dans la chapelle du collège. En 1904, le frère André obtient l’autorisation d’élever une modeste chapelle en signe de dévotion à saint Joseph sur le flanc du Mont-Royal, devant le Collège Notre-Dame.
Dans sa lettre circulaire du 6 février 1861, le père Moreau avait exprimé le désir de voir s’élever un sanctuaire à saint Joseph en France : Que m’est-il donné d’établir […] une chapelle sous son vocable […] ! Ce monument serait d’ailleurs comme une réparation à l’outrage fait à notre saint Patriarche pendant la tourmente révolutionnaire […] car c’est alors que sa dévotion disparut en France. Ce rêve du père Moreau se réalise donc, mais en terre canadienne, dans un pays dont saint Joseph est le patron.
Une dévotion sous diverses formes
Au sein de la congrégation, saint Joseph inspire plusieurs religieux qui réalisent des œuvres d’art en peinture, en sculpture et en musique notamment. Sœur Auréa Bellerose (Marie de Sainte-Cécilia), c.s.c., réalise l’œuvre Cantique à saint Joseph : prière de la neuvaine. En 1917, un religieux écrit les paroles du Cantique national à saint Joseph pour la bénédiction de la crypte de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal. Autre exemple, en 1955 la troupe Les Jongleurs de la Montagne interprète une œuvre théâtrale créée par les pères Émile Legault et Georges Saint-Aubin. Intitulé Le grand attentif, ce jeu scénique rend hommage à l’amour et au respect du charpentier Joseph.
Le mois de mars est dédié spécialement à saint Joseph. Dans plusieurs de ses textes, le père Moreau exhorte les religieux à célébrer avec toute la solennité possible le mois de saint Joseph dans leurs établissements respectifs. Ainsi, chaque année la fête de Saint-Joseph est célébrée à l’Oratoire Saint-Joseph le 19 mars, et ce depuis 1909. De plus, une neuvaine lui est consacrée depuis plus d’un siècle. Des milliers de pèlerins visitent le sanctuaire à cette occasion. L’Oratoire Saint-Joseph est un sommet dans l’histoire de la dévotion à saint Joseph en Sainte-Croix et dans le monde.